Composition de l'instrument

Composition de l'instrument après la restauration par la manufacture Quentin REQUIER en juin 2021
I Grande-orgue 54 notes II Récit expressif 54 notes Pédale 30 notes
Bourdon 16 Cor de nuit 8 Soubasse 16
Montre 8 Flûte traversière 8 Flûte 8
Bourdon 8 Gambe 8 Violoncelle 8
Flûte 8 Voix céleste 8 Flûte 4
Salicional 8 Flûte octaviante 4 Bombarde 16
Prestant 4 Nazart conique 2 2/3 Trompette 8
Flûte 4 Octavin 2
Quinte 2 2/3 Tierce conique 1 3/5
Doublette 2 Basson 16
Plein Jeu II-V Trompette 8
Trompette-Bombarde 8-16 Basson-Hautbois 8
Trompette 8 Voix humaine 8
Clairon 4

Historique de l'instrument

L'actuelle église Saint-Romain était, jusqu'en 1790 la chapelle du couvent des Carmes déchaussés (consacrée par Msr Jean Nicolas Colbert, évèque de Rouen, fils du ministre Colbert, le 21 décembre 1687). Il n'y avait initialement pas d'orgue car les canons de l'ordre des déchaux interdisaient l'utilisation des instruments dans la liturgie. D'abord succursale de l'église Saint-Patrice, Saint-Romain ne deviendra paroisse qu'en 1828.

Les premières orgues

Dès septembre 1800, l'abbé Le Carpentier réclame les orgues de l'ancienne église Saint-Laurent (qu'il n'obtint pas), puis en 1803, les administrateurs demandent aux autorités l'orgue de l'église Saint-Nicaise. Démonté par le facteur Le Breton, il fut rendu à sa paroisse d'origine en 1806.

En 1811, L'abbé Crevel décide d'acheter un instrument dont il garde la propriété (sans mention de sa provenance dans les archives). Installé à même le sol dans une chapelle latérale, l'orgue ne donne pas satisfaction. Le curé achète donc "un buffet et sa tribune" qu'il fait placer au-dessus du tambour. On y met les anciens jeux de l'orgue et on en achète d'autres (le facteur n'est pas connu). L'orgue semblant trop petit, il est prévu dès 1815 des augmentations qui ne seront finalement réalisées qu'en 1825.

Les premières modifications

Lors des travaux réalisés en 1825, le facteur Le Breton ajoute un positif de dos et restaure le grand buffet. Après ce relevage, l'orgue est un instrument de 4 claviers manuels et un pédalier composé de 42 jeux (dont 8 jeux neufs). L'instrument est reçu le 11 juillet 1830.

Des modifications furent proposées par la maison Ducroquet en 1846, mais le projet jugé trop onéreux ne fut pas réalisé. En 1849, les travaux furent confiés à Nicolas-Delfin Henry. Comme beaucoup de facteurs de cette époque, Nicolas-Delfin Henry supprime une grande partie des mixtures et des mutations au profit des fonds et des anches. L'orgue terminé comporte 41 jeux répartis sur 4 claviers manuels et un pédalier. On installe un orgue de choeur racheté à la paroisse Saint-Godard (1 clavier et 6 jeux). Cet instrument sera utilisé jusqu'en 1858 puis transporté à la chapelle Saint Joseph.

Déplacement de l'orgue dans le choeur - l'orgue de Narcisse Martin

L'orgue de choeur ayant été cèdé à Saint-Joseph, on pense dès 1860 descendre l'orgue dans le choeur. Un projet est proposé par Cavaillé-Coll en 1861. Il est abandonné car jugé trop onéreux.
Le déplacement de l'orgue sera finalement effectué quelques années plus tard en 1865 par un autre facteur. Le buffet est modifié pour s'adapter aux contraintes liées à sa nouvelle position dans le choeur : le positif est supprimé, on construit deux plates-faces en retour et des panneaux latéraux.
La restauration sonore est confiée au facteur d'orgue Narcisse Martin. Il reconstruit un orgue de 27 jeux dont 21 de l'orgue ancien et 6 jeux neufs sur deux claviers manuels et un pédalier. La réception des travaux est faite le 6 décembre 1865. L'inauguration a lieu de lendemain avec Alexandre Guilmant à l'orgue.
Narcisse Martin rajoute une trompette au récit en 1869.

Quelques travaux d'entretien seront effectués en 1869 et 1933, date à laquelle le facteur Gutschenritter fils réalise la réfection de l'orgue: il ajoute trois jeux au récit, met en place une machine Barker, remplace quelques jeux et porte le pédalier à 30 notes. Le concert d'inauguration a lieu le 6 juin 1934, Marcel Dupré était aux claviers.

Evolution de l'instrument après 1933

Depuis 1933, quelques travaux d'entretien ont été réalisés :
- En 1984, l'orgue a été avancé "tout monté" dans le choeur par la maison Gutschenritter pour sortir la mécanique, les soufflets et la tuyauterie du pédalier de l'absidiole où il pleuvait ! Cette absidiole sera supprimée lors de la restauration de l'Eglise en 1987 (tricentenaire de sa consécration).
- Quelques travaux d'harmonisation ont été réalisés par le facteur Philippe Hartmann en 1988.

La restauration de 2019-2021

L'association ORGOSTRO a été crée en 2006 pour aider à la restauration de l'orgue. Les travaux ont été réalisés par la manufacture Quentin Réquier de Saint Omer. La remise en état a été achevée et célébrée les 5 et 6 juin 2021.
Les travaux ont comporté une reprise complète de la partie sonore de l'instrument. Les tuyaux ont été restaurés.
De nouveaux jeux ont été ajoutés ou remplacés, notamment:
- au récit: la voix humaine 8, la flûte traversière 8,
- au grand orgue: le plein jeu, la trompette-bombarde 16,
- au pédalier: le violoncelle 8.

L'association ORGOSTRO est reconnaissante à tous ceux qui ont aidé à la restauration de cet instrument. La ville de Rouen, propriétaire, le clergé, la métropole, Mr Ménissier, professeur au CRR de Rouen, les experts, les membres de l'association et la manufacture Quentin Réquier, dont l'équipe a réalisé un remarquable travail, faisant de l'orgue de Saint-Romain, l'un des plus beaux instruments de la ville de Rouen.